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Dialysés : Mauvais calculs

1er octobre 2004, Le Point

Une enquête de l’Igas accuse la Fondation Transplantation : investissements douteux, salaire excessif et laxisme pour l’ouverture d’un nouveau centre.

Le rapport dort depuis trois mois dans les tiroirs du ministère de la Santé, au grand dam des associations de dialysés. Les 400 pages rédigées par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) que Le Point a pu consulter sont sévères pour la Fondation Transplantation, essentiellement financée par des prestations médicales facturées à la Sécurité sociale. Créée il y a douze ans par un industriel alsacien et un ex-président de l’Agence française du sang, la fondation a pour objectif d’améliorer la prise en charge des malades dialysés.

Les deux inspecteurs de l’Igas, qui ont enquêté d’octobre 2003 à mai 2004, reprochent à la Fondation Transplantation de se disperser, avec l’argent des dialysés, dans des activités qui l’éloignent de sa vocation. Comme le fait d’avoir investi dans une société d’imagerie cérébrale en difficultés financières.

Surcoût pour la sécu

Ce que justifie Robert Lohr, président de la Fondation Transplantation : « C’est un mauvais procès. La fondation est en bonne santé financière et il s’agit d’utiliser ses fonds pour sauver 160 emplois et le savoir-faire d’une entreprise de pointe. » Dans le rapport, les inspecteurs s’étonnent aussi du salaire élevé du directeur de la Fondation Transplantation, 88 % supérieur à celui d’un directeur d’hôpital, son précédent poste.

Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le temps qu’aurait perdu la fondation pour ouvrir un nouveau centre de dialyse à Dijon, alors que la Bourgogne est notoirement sous-équipée.
« L’autorisation a été donnée en septembre 2000, le centre vient à peine de voir le jour, accuse Jean-Paul Fallet, président de l’association de Bourgogne de la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux. Pendant quatre ans, des malades ont dû parcourir de 100 à 200 kilomètres aller et retour, trois fois par semaine, pour leur dialyse. » C’est d’ailleurs cette association régionale qui, au printemps 2003, a fait pression auprès de l’Agence régionale d’hospitalisation pour que l’Igas diligente une enquête. Un retard qui, selon le rapport, aurait pu être préjudiciable à la santé des malades, avec pour la Sécurité sociale un surcoût annuel estimé à plus de 400 000 euros en remboursement de frais de taxi.

Certains malades envisagent, si aucune suite n’est donnée au rapport, d’aller manifester devant le ministère de la Santé.

Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et Olivia Recasens

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