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Pour augmenter le nombre de dons d’organe, une Europe des greffes

22 novembre 2002, Le Quotidien du Médecin

Pour augmenter le nombre de dons d’organe, une Europe des greffes

Comme en témoignera le congrès de l’ETCO (European Transplant Coordinators Organization) à Lyon aujourd’hui et demain, l’Europe du prélèvement et de la greffe s’enrichit d’abord de la confrontation des dispositifs existants. Et si les échanges d’organes entre Etats membres restent limités par l’insuffisance du nombre de dons, une communication européenne sur ce thème pourrait y remédier.

Si l’Europe du prélèvement est une entité bien réelle aujourd’hui, les différents modèles d’organisation adoptés par chaque pays sont loin d’avoir le même niveau d’efficacité.

Parmi eux, c’est incontestablement celui de l’Espagne qui fait figure d’exemple à suivre. “Il s’agit d’une organisation décentralisée au niveau régional et interrégional, avec un dispositif intrahospitalier fondé sur la reconnaissance que cette activité de prélèvement réclame des compétences spécifiques”, explique Didier Houssin, directeur général de l’Etablissement français des greffes (EFG). “Or, si l’Espagne est à l’avant-garde, ajoute-t-il, c’est qu’elle a su construire un dispositif riche en ressources humaines et, donc, efficace.”

Cette question des modèles organisationnels, clef de la réussite du prélèvement d’organe, sera largement débattue au cours du congrès de l’ETCO. L’objet de cette manifestation, soutenue par l’EFG, est bel et bien de confronter les pratiques pour les améliorer. D’ailleurs, “la France marche déjà dans les traces de l’Espagne, assure Didier Houssin. Grâce au plan greffe, amorcé en juin 2000, les moyens consacrés au prélèvement ont été renforcés dans les hôpitaux, permettant un meilleur accueil des familles, plus de dialogue avec elles. Et on observe une amélioration du prélèvement”. En dehors de l’Espagne et de la France, la Belgique ou l’Autriche apparaissent aussi comme des pays efficaces en la matière, alors que l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas affichent des performances moindres.

Un cadre éthique

Si les organisations diffèrent, les grands principes de base que sont le consentement et la gratuité sont, en revanche, acquis pour tous les Etats membres de l’Union européenne : “Avec le protocole sur la greffe, additionnel à la convention du Conseil de l’Europe sur la bioéthique, l’Europe a un cadre éthique”, confirme le directeur de l’EFG. Mais s’agissant du consentement, les régimes peuvent encore s’opposer : en Allemagne, le consentement doit être explicite, alors que la France a opté pour le consentement présumé, et son corollaire, le registre national des refus.

En termes de sécurité sanitaire, c’est la France qui a probablement les règles les plus strictes au sein de l’Europe, ce qui limite beaucoup les importations d’organes. L’EFG estime “qu’entre 50 et 70 greffons sont échangés, chaque année, avec les pays voisins, parce qu’ils proviennent de donneurs de groupes rares ou de petit poids pour lesquels le pays fournisseur n’a pas trouvé preneur”. Mais ces échanges d’organes en Europe restent aussi quantitativement limités, parce que la problématique est la même dans chaque pays : le nombre de malades en attente est supérieur à celui des greffons. Quant à la perspective d’un élargissement de l’Union à d’autres Etats membres, elle n’effraye pas outre-mesure la communauté européenne, comme le souligne Didier Houssin : “Certains de ces pays, comme la Pologne, ont des niveaux d’activité et d’efficacité inférieurs aux nôtres, mais un cadre légal, des règles et des principes qui sont les mêmes.”

Promouvoir le don

L’Europe du prélèvement et de la greffe est donc bien amorcée en dépit de quelques imprécisions juridiques, et en l’absence d’une organisation européenne centralisée, que beaucoup affirment ne pas souhaiter. L’enjeu serait ailleurs, et notamment dans l’aboutissement d’une démarche entreprise lors du congrès franco-allemand sur les prélèvements et les greffes qui s’est tenu en juin dernier à Strasbourg, autour de l’information : il s’agirait de développer des stratégies de communication communes sur le don d’organe en Europe. Au-delà, il y aurait aussi la possibilité offerte par le 6e Programme cadre de recherche et de développement européen, “où nous pourrions envisager, autour de la greffe, des coordinations de politique de santé publique”, conclut le directeur de l’EFG.
Caroline FAESCH

Les prélèvements en Europe

En 2001, le taux de donneurs prélevés par millions de d’habitants, était de 17,8 en France contre 32,5 en Espagne, 23,3 en Autriche et 21,6 en Belgique. En Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, pour ne citer que ces deux pays, le taux était encore plus bas, soit 13,2 et 11,6. Une campagne de promotion “communautaire” sur le don d’organes serait donc la bienvenue.

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