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Xénogreffes : le temps des premières réponses ?

ℹ️ Après la grande tristesse suscitée par l’annonce le 12 mai dernier du décès de Rick Slayman, premier patient ayant reçu une greffe de rein issue d’un porc génétiquement modifié, plusieurs publications apportent ces derniers jours de précieuses informations sur les importants défis qui restent à relever dans le domaine des xénogreffes.

Dans un article publié dans la revue Nature le 17 mai, Dr Tatsuo Kawai, un des chirurgiens de Rick Slayman au Massachusetts General Hospital de Boston, indique que le rein greffé fonctionnait bien la veille de sa mort. Il avait développé une insuffisance cardiaque congestive durant l’année précédant l’intervention, qui pourrait voir provoqué son décès soudain.

De son côté, Lisa Pisano, 54 ans, qui a reçu le 12 avril 2024 le rein et le thymus d’un porc génétiquement modifié, va bien, mais n’a à ce jour pas quitté l’hôpital NYU Langone Health.

✅ Les équipes de l’hôpital YU Langone Health (New York) publient justement des résultats collectés à partir des transplantations de reins et de coeurs de porcs sur des patients en état de mort encéphalique réalisées depuis 2021.

🔥 Principal enseignement : malgré les modifications génétiques des donneurs porcins et les traitements antirejet, de fortes réactions immunitaires susceptibles d’endommager les greffons se sont produites.

Le Dr Robert Montgomery souligne que ces rejets sont très différents de ceux observés avec des organes humains.

Une augmentation des mécanismes de réparation tissulaire dans les organes greffés a aussi été observée, un phénomène de prolifération des cellules à surveiller, puisqu’il peut être à l’origine de cancers.

Dans une interview datée du 23/05 (en anglais), le Dr Montgomery revient sur les réponses immunitaires totalement différentes de celles des greffes humaines et évoque un démarrage des essais cliniques dès 2025, avec un passage en phase 3 deux ans plus tard. Selon lui, les xénogreffes pourraient être une pratique clinique courante d’ici une dizaine d’années.

✅ Le Dr Muhammad Mansoor Mohiuddin revient quant à lui dans une interview au journal El Pais sur les deux premières xénogreffes cardiaques sur des humains vivants, réalisées en 2022 et 2023, à l’Université du Maryland (Washington). Les deux patients sont décédés en quelques semaines.

Le Dr Mohiuddin souligne qu’ils étaient l’un et l’autre dans un état désespéré avant la greffe, qui contre-indiquait une greffe humaine. Selon lui, les résultats des xénogreffes cardiaques seraient meilleurs si les receveurs étaient moins malades. Il indique être à la recherche de nouveaux candidats avec l’objectif de parvenir à une survie d’au moins six mois.

Il confirme l’observation de phénomènes de rejet, où des anticorps humains attaquent le greffon porcin. Plusieurs médicaments antirejet puissants actuellement utilisé sur des animaux montrent une grande efficacité pour les contrôler, mais ne sont pour le moment pas autorisés chez l’homme.

Interrogé sur la place que pourraient prendre les xénogreffes dans l’avenir, il revient sur la notion de « pont » en attendant une greffe humaine, mais insiste aussi sur la possibilité que pourront avoir les patients de choisir entre une greffe issue d’un porc élevé dans ce but et en parfaite santé et une greffe humaine « à critères élargi », issu d’un donneur âgé ou malade.

Enfin, la première greffe du foie d’un porc génétiquement modifié sur un humain vivant, aurait été réalisée en Chine le 17 mai 2024. Sept jours après la greffe le patient serait en mesure de se déplacer et il n’y aurait pas de signe de rejet.

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