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Thierry : La transplantation, je l’ai vécue…

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Un jour, je me sens fatigué, les jours suivants encore plus, alors je consulte mon médecin, puis je suis dirigé vers un néphrologue et après bien des examens et des analyses, le diagnostic m’apprend que mes reins sont malades, qu’il n’y a pas de traitement possible, et qu’il me faudra, d’ici deux ans, envisager la dialyse ou peut être une transplantation rénale !

Le temps passe, malgré un traitement médical et un régime alimentaire ma santé se dégrade de jour en jour, la fatigue devient persistante, les jambes sont gonflées, la respiration devient difficile, la créatinine atteint sa limite tolérable par l’organisme.

Après une foule de conseils et d’informations arrive la DIALYSE.

La dialyse, quelle Aventure ! Indispensable pour notre survie, en général bien acceptée, parfois difficile à assurer, mais jamais oubliée.

Puis vient le temps des examens pré-greffe d’une durée de 6 jours pour la préparation d’un bilan.
L’espoir se conforte néanmoins. Le cœur est bon, les artères aussi l’état général est satisfaisant
donc il n’y a pas de problème, cela doit marcher.

Enfin l’inscription sur la liste d’attente de l’Etablissement Français des Greffes, une lueur d’espoir avec sa dose d’incertitude : y aura-t-il d’autres problèmes ? Compatibilité ? Cardiaque ? Vasculaires ? Et puis le rejet : c’est certainement très difficile à vivre, car les conversations reviennent fréquemment sur le sujet, et donnent des frissons aux dialysés qui attendent, alors que pendant ce temps là, bien des transplantations sont réalisées avec succès.

Mais la vie continue, pour ma part je n’ai pas voulu baisser les bras devant la maladie, même si cela a été très pénible, j’ai continué mon travail à mi-temps, avec l’obligation vitale de me faire dialyser 3 fois par semaine pendant 4h30, au risque de voir mon espoir de survie ou de greffe anéanti ou bout d’environ 8 jours !

Aujourd’hui, nous sommes dimanche 11/01/98, je suis chez moi. Le téléphone sonne, il est 11h05.
“bonjour je suis l’infirmière de jour du service du professeur Potaux, vous êtes bien M.Gache Thierry ? Nous avons un rein pour vous ! Etes-vous toujours d’accord ?”
En l’espace de dix secondes, mille choses vous traversent l’esprit : la greffe, le rejet, la famille, le travail… mais l’infirmière attend une réponse, il n’y a pas de temps à perdre.
Il y a urgence, mais pas d’obligation. J’attends ce jour depuis environ un an et demi. J’ACCEPTE, OUI.
Toujours sans m’affoler, elle me dit “prenez votre temps pour préparer votre valise mais venez dans l’heure.”
Je préviens le taxi, ma femme averti un de mes collègues de travail. J’arrive au Tripode à 12 h 00, je fais l’enregistrement de l’hospitalisation et je monte au 12éme étage. Je suis
aussitôt accueilli par une équipe dynamique qui me met de suite dans une bonne ambiance et me donne une chambre en compagnie d’un greffé de quelques mois.

Pour ma part, je suis confiant, intérieurement je domine la situation, ça doit marcher ! le temps passe doucement j’en profite pour questionnermon voisin de chambre.
Le moment des examens arrive. Presque identique à celui du bilan pré greffe mais en accéléré sur quelques heures. Je suis de plus en plus confiant, mais toujours pas de confirmation.
Le soir venu, les médecins passent chacun leur tour et ils m’encouragent, l’un d’entre eux me dit : “je sens que ça va être bon” ! Il faut encore attendre les résultat du test de cross-match.

une infirmière vient me voir pour commencer à me préparer pour l’opération, rasage d’une grande partie du corps puis une douche bien chaude a la betadine. J’enfile la tenue stérile pour l’opération et retour au lit avec la prise d’un produit pour me détendre. Je dors quelques heures puis on me réveille à 3h 00 du matin pour me dire que la greffe est possible. L’opération commencera à 6h00 du matin, je m’en remets à l’équipe médicale et replonge dans mon sommeil. Quelques heures après je sens qu’on vient me chercher, j’entends des bruits, on me parle, on plaisante avec moi au sujet du greffon qui serait tombé dans l’ascenseur hors de sa glacière puis je sombre dans le néant…

J’entends parler… on appelle : “monsieur… réveillez-vous ! Vous avez dormi suffisamment. Dites-nous quelque chose !” Mais j’ai envie de dormir, je suis fatigué… Elles vont pas me laisser tranquille ! Mais elles insistent, j’ouvre les yeux… “ah enfin !” Je perçois la satisfaction générale, je ne peux pas bouger, j’ai sommeil, je replonge, mais cela continue, “Monsieur, vous êtes greffé, tout va pour le mieux”. Je suis content, j’ai besoin de repos, alors je dors.
On me réveille de nouveau plus tard. J’ai soif, je ne veux pas bouger, j’ai mal partout.
En plus du traitement médical de choc anti-rejet les infirmières s’affairent autours de moi.
“Il faut faire votre toilette et vous lever un instant”. Tout cela paraît impossible, pourtant malgré la douleur et avec de la volonté on y arrive. Ensuite, il faut boire et boire encore afin de solliciter le bon fonctionnement du greffon.

Je réalise enfin que je suis greffé et mon nouveau rein fonctionne parfaitement. Je suis content, j’ai confiance, mais j’attends les résultats des analyses.

Je me trouve seul, seul avec ce rein qui me vient d’une autre personne avec qui je dois vivre tous les jours sans douter de lui et coopérer en toute sérénité.

Cinquième jour je suis toujours en milieu stérile, mon état s’améliore, je marche de plus en plus, les analyses s’améliorent de jour en jour.

Onzième jour , je quitte la chambre stérile afin de rejoindre un autre service de surveillance médicale en compagnie d’autres greffés ou dialysés. Il y a des hommes ou des femmes plus ou moins jeunes qui ont le sourire, qui reflètent un espoir presque magique. Ces personnes sont heureuses et revivent.

Quelques semaines passent avec de minimes complications microbiennes, maintenant le temps est venu de penser à rentrer à la maison, la convalescence commence…

Je songe à cette période, et je pense au donneur et à sa famille qui dans la douleur et le chagrin ont permis l’aboutissement de ces greffes et je les remercie pour cette générosité.

Je remercie également toute l’équipe médicale qui se donne sans compter pour la réalisation de ces transplantations.

Je parle rapidement de ce que j’ai vécu sans trop rentrer dans les détails, cependant il faut reconnaître que tous les greffés n’ont pas la même chance que moi, et je suis sincèrement
désolé pour eux. Il y a de plus en plus de greffés, c’est vrai, mais aussi de plus en plus de malades, ce qui génère une grave pénurie d’organes.

Tout cela m’a permis de reprendre mon travail au bout de 4 mois et demi, d’abord à mi-temps pendant trois mois, et depuis mi-août 98 à plein temps, j’ai récupéré une vie presque normale avec, pour juste rappel à l’ordre, un traitement anti-rejet , et des examens périodiques .

Alors pour ce geste merveilleux de solidarité qu’est le DON d’ORGANES je dis OUI et OUI, car c’est aussi un choix :
Le pouvoir merveilleux de redonner LA VIE APRES LA VIE.

Je suis à disposition pour vous renseigner, documenter ou vous fournir les dépliants Nécessaires. POUR OU CONTRE, PRENEZ POSITION.
En vous remerciant à l avance de votre geste qui permettra peut être un jour de redonner la vie, soit de votre vivant, ou par malheur de votre mort.

Thierry Gache

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1 Commentaire

  • salut thierry , depuis le temps que tu es gréffé comment vas-tu?

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