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La Xénogreffe, un nouvel espoir ?

 ✅ Les premières xénogreffes, d’un organe d’un animal vers l’homme, sont plus anciennes que les allogreffes humaines.
Mathieu Jaboulay et Alexis Carrel, à l’Hôtel Dieu de Lyon, les ont réalisées au tout début du vingtième siècle, sans immunosuppresseurs ni anticoagulants ni prise en compte de la compatibilité sanguine. Elles furent des échecs immédiats.

Au début des années 1960, encore à Lyon, sous la direction de Jules Traeger, quelques rares greffes de reins de chimpanzés faites chez l’homme (avec immunosuppression) permirent des survie de plusieurs mois. Dans ces temps pionniers, les greffes humaines échouaient beaucoup plus souvent qu’elles ne réussissaient, en dehors des vrais jumeaux, ou de l’identité HLA.

➡️ Pour un ensemble de raisons incluant le danger viral et des aspects éthiques, les primates ont été retirés du groupe des animaux potentiellement donneurs d’organes pour l’homme.

✅ Dans les années 1990 et 2000, La meilleure connaissance de la biologie animale (immunologie, biologie vasculaire et de la thrombose, transporteurs, régulation thermique), puis les progrès considérables de la transgénèse ont permis de modifier le génome d’animaux pour les rendre beaucoup plus compatibles avec un organisme humain, en particulier pour éviter le rejet hyper aigu immédiat.

✅ La première transplantation d’un coeur de porc “modifié” ou “humanisé” chez un homme a eu lieu dans l’état du Maryland ( USA), à Baltimore le vendredi 8 janvier 2022

Les équipes de l’université du Maryland ont réalisé la greffe d’un porc transgénique chez un homme de 57 ans, David Bennet, atteint d’une insuffisance cardiaque sévère doublée de troubles du rythme réfractaires. Le patient n’était plus éligible pour un coeur artificiel ni pour une greffe “conventionnelle” humaine.

Le chirurgien cardiovasculaire Bartley Griffith a réalisé cette greffe dans un cadre compassionnel et expérimental, du fait du pronostic très grave.

La survie au-delà de 72 heures montre que le premier phénomène de rejet “suraigu” n’a pas eu lieu (c’est le type de rejet qui peut survenir chez l’homme si la greffe s’effectue avec un cross match positif ou si il y a une erreur de groupe sanguin). Les prochains jours et semaines vont permettre d’observer la survenue ou non des principaux dangers : thromboses, rejets cellulaires ou humoraux, désadaptation physiologique du greffon.

✅ La prouesse qui vient d’être réalisée est exceptionnelle, Il a fallu modifier près de 10 gènes chez l’animal, avec la technique de « ciseaux à ADN » (nommés CRISPR-Cas9), pour améliorer la compatibilité immédiate et limiter le péril viral inter espèce.

La même équipe, dès 2016, avait réussi à faire vivre des babouins pendant plusieurs centaines de jours avec des reins de porcs modifiés. C’était la première étape : xénogreffe entre 2 animaux différents.

Ce travail expérimental, très préliminaire, fait envisager la xénogreffe comme un traitement potentiellement réaliste à court ou moyen terme, à titre définitif, ou en attente d’une greffe d’un organe humain.

A Paris, le Pr Xavier Nataf, chirurgien cardiovasculaire, a révélé qu’il travaillait activement sur cette thématique des xénogreffes. Il les imagine potentiellement opérationnelles à moyen terme.

Il y a quelques mois, en septembre 2021, l’équipe de transplantation de New York (NYU Langone Health) du Pr Robert Montgomery avait réalisé un premier exploit, en faisant fonctionner quelques jours, et de façon normale, le rein d’un porc humanisé chez une femme en état de mort encéphalique. Le rein de porc a corrigé la dysfonction rénale sans être rejeté dans les trois premiers jours. Ce résultat peut être considéré comme très encourageant. Le Pr Montgomery, lui-même greffé du coeur, a indiqué que les premières applications chez l’homme pourraient être envisagées dans les deux ans qui viennent.

✅ En quatre mois, deux avancées spectaculaire dans le domaine des greffes d’organes et spécifiquement des xénogreffes ont eu lieu : un cœur et un rein de porcs fonctionnels à court terme, sans rejet, chez des receveurs humains.

➡️ C’est un espoir important, que l’on attend depuis longtemps dans le domaine des greffes, jusque-là constamment entaché par une pénurie qui rend leur accès difficile. Mais les xénogreffes posent aussi d’autres questions, notamment éthiques, auxquelles il sera important de répondre. Les patients en attente peuvent et doivent prendre part à ce débat qui les concerne au premier chef.

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     ✅ Les premières xénogreffes, d’un organe d’un animal vers l’homme, sont plus anciennes que les allogreffes humaines. Mathieu Jaboulay et Alexis Carre
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