Dons et greffes d’organes au Liban
Une première au Liban
La première greffe hépatique effectuée à Denver, en 1963, par le Dr Tomas Starzl, ainsi que plusieurs autres tentatives, se soldent par des échecs consécutifs dus au problème de rejet. Les pratiques de transplantation hépatique connaissent, alors, une période de stagnation pour reprendre de plus belle dans les années 80 avec l’avènement de la ciclosporine.
La greffe demeure l’unique remède pour certaines affections hépatiques à l’instar des cirrhoses (virales, alcooliques, biliaires,…), des petits cancers primitifs du foie (qui prennent naissance à l’origine dans le foie et non les cancers métastatiques localisés secondairement dans le foie), des hépatites virales fulminantes (nécessitant une greffe dans un court délai de 2 à 3 jours, avant que mort s’ensuive).
La survie moyenne de malades souffrant de cirrhoses hépatiques décompensées se situe autour de 20%, à 5 ans. Autrement dit, sur 100 cirrhotiques, 80 décèdent dans les 5 ans à venir. Alors que la transplantation hépatique assure une survie moyenne de 70%, à 5 ans. Ce qui représente une amélioration considérable pour l’espérance de vie de ces malades.
On dénombre, actuellement, 3.000 greffes hépatiques par an, aux Etats-Unis et 600 à 700 en France où ces transplantations sont uniquement réalisées dans des CHU (Centres hospitaliers universitaires).
Au Liban, à l’Hôtel-Dieu de France (CHU), une équipe de transplantation hépatique est déjà en place. Elle représente une des premières équipes de ce genre au Proche-Orient arabe, exception faite de l’Arabie Saoudite qui bénéficie d’une aide américaine.
Toutefois, son activité est entravée par deux problèmes : le don d’organes et le coût élevé de la transplantation.
De quel don s’agit-il ?
Chirurgien de l’équipe de transplantation et spécialiste en chirurgie digestive et hépatobiliaire, le Dr Roger Noun explique l’importance du don cadavérique pour ce genre de transplantation : le foie du donneur est entièrement greffé au receveur. Le foie prélevé doit être appareillé au poids du recevoir pour garantir la réussite de l’opération (le poids du foie représente en général 2% du poids total d’un homme).
Cependant, pour pallier la pénurie en dons d’organes, les médecins effectuent des prélèvements sur donneur vivant et ce, uniquement, dans le cas d’un donneur adulte à un receveur enfant. Le foie de l’enfant étant de petite taille, on prélève environ 30% du foie du père ou de la mère (lobe gauche). L’opération de prélèvement, très délicate, mettrait la vie du donneur en péril. Elle nécessite la participation d’une équipe médicale compétente en la matière et le recours à une technique spéciale, afin d’arrêter le saignement abondant dû à l’ablation. Il est, par conséquent, difficilement concevable qu’un trafic de foie puisse être organisé, car seuls les parents du malade entreprendraient une telle démarche courageuse.
Pour le moment, la greffe hépatique des enfants à l’Hôtel-Dieu constitue une perspective d’avenir, en attendant qu’un chirurgien pédiatre se joigne à l’équipe.
Voici, pour nous résumer, les dons et greffes hépatiques possibles :
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Don cadavérique : pour donneur adulte, receveur adulte ; pour donneur enfant, receveur enfant.
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Donneur vivant : pour donneur adulte, receveur enfant.
Financement de la greffe
L’opération de greffe hépatique dure, à elle seule, environ 12 heures, sans compter le prélèvement. Elle ne peut se concevoir que dans un CHU à l’instar de l’Hôtel-Dieu, groupant un plateau multidisciplinaire de spécialistes concernés par la transplantation : une équipe de transplantation (hépatologues, chirurgiens hépatiques), des réanimateurs, des responsables de laboratoires capables de lire les biopsies hépatiques, des infectiologues, pneumologues, cardiologues, un service de radiologie et un laboratoire de pointe.
Une surveillance indispensable, vigilante et continue est de même assurée dans un CHU, grâce aux étudiants en formation.
Cette opération délicate et compliquée requiert un séjour d’une semaine à dix jours en unité de réanimation, ainsi qu’un mois d’hospitalisation. Son coût moyen est chiffré à 75.000 dollars.
Sans une prise en charge sociale par le ministère de la Santé, elle demeure inaccessible pour la majorité des malades. Leur seul espoir actuel serait d’être secondé par des associations caritatives ou des organismes humanitaires.