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Greffe avec donneur vivant, pénurie d’organes, solidarité et démocratie

 

Amartya Sen et la famine

 

Il a en effet constaté que la quantité de nourriture disponible dans cette partie de l’Inde n’était pas particulièrement faible : l’augmentation brutale de la demande de produits alimentaires, due à l’arrivée dans les villes de troupes britanniques destinées à contrer l’avance japonaise, s’est traduite par une hausse des prix telle que les populations rurales n’avaient plus les moyens de se nourrir. Ces premiers résultats ont été confirmés par l’analyse de la famine de 1974 au Bangladesh, qui s’est déclenchée alors que les ressources alimentaires disponibles par habitant étaient supérieures à celles de l’année précédente ; ce sont les inondations de l’été 1974 qui, en privant la main d’œuvre agricole de travail et de revenus, ont été à l’origine du phénomène. Les grandes famines, explique l’auteur, résultent non d’un manque absolu de nourriture, mais de l’inégale attribution des droits sur cette nourriture, liée à l’inégale répartition du pouvoir d’achat.

La démocratie est la seule arme efficace contre la famine. Sen rappelle que ce fléau n’a jamais frappé un Etat garantissant les libertés politiques de ses citoyens, et évoque à l’appui de sa démonstration la réaction de quatre pays africains à une diminution des quantités alimentaires disponibles entre 1979 et 1984. Au cours des périodes 1979-81 et 1983-84, le Bostwana a dû faire face à une baisse de sa production agricole de 17 % et le Zimbabwe de 38 %, tandis que la baisse ne dépassait pas 11 à 12 % au Soudan et en Ethiopie. Mais alors que le Soudan et l’Ethiopie, soumis à des régimes autoritaires, n’évitaient pas des famines de masse en dépit de leur handicap relativement moindre, le Bostwana et le Zimbabwe y échappaient.

Cette analyse s’applique a beaucoup de cas de pénuries. La pénurie ne naît pas d’un manque absolu, d’un vide de matière première, mais d’une organisation défectueuse, d’inégalités de droits d’accès, de la non-utilisation de ressources présentes mais inexploitées.

On peut s’inspirer de l’esprit de cette analyse à propos de la pénurie d’organes et même se demander comment se traduit dans ce domaine l’explication en termes de manque de démocratie. La démarche est féconde.

Vous le verrez.

 

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1 Commentaire

  • et la greffe en dons croisés la loi a été votée mais rien ne bouge pourquoi?

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