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Greffe avec donneur vivant, pénurie d’organes, solidarité et démocratie

 

 

Greffe avec donneur vivant et pénurie d’organes

Greffe avec donneur vivant et pénurie d’organes sont fréquemment associées.

Le recours à la greffe avec DV est souvent considéré comme un pis-aller, une mesure d’appoint, imparfaite et provisoire, destinée à suppléer les manques dans l’approvisionnement à partir du seul gisement considéré comme légitime, les morts encéphaliques. C’est en tous les cas la position française au niveau des faits.

En témoigne la très faible part de greffes rénales avec donneur vivant sur l’ensemble des greffes (moins de 8% alors qu’elle dépasse les 35 % en Suède et aux Us), de même que l’absence totale d’information publique véritable délivrée par les organismes officiels, l’ABM entre autres.

En témoigne l’embarras manifesté par la législation d’abord mais aussi par le corps médical face à cet objet non identifié qu’est la personne du DV.

Du point de vue de la loi, il est a priori un suspect dont il faut s’assurer qu’il n’est ni victime de pressions, ni coupable de trafic.

Du point de vue médical, voici un personnage dont on ne sait pas très bien quoi faire et dont le statut est mal assuré. Il vient perturber le colloque singulier de la relation médecin-malade qui ne doit comprendre que deux termes.

Il n’est pas malade, mais pas médecin non plus. Auxiliaire médical ? Après tout, sa contribution, quoique passive et endormie, n’est pas négligeable dans l’opération. Il fournit la matière première.

On le traite néanmoins comme un malade potentiellement porteur de tout un ensemble de troubles susceptibles de contaminer gravement la personne greffée. C’est du moins ce que ressentent un grand nombre de donneurs lors de leur parcours de contrôle pré-greffe.

Du point de vue de la société, les donneurs vivants français demeurent confrontés à des difficultés importantes au niveau administratif et financier : si la loi de bioéthique prévoit le principe de la neutralité financière du don (frais médicaux, transports, pertes de salaire, etc.), sa mise en oeuvre repose sur une complexe et parfois défaillante articulation entre les hôpitaux et l’Assurance Maladie.

Ils se retrouvent impuissants face à une administration insuffisamment sensibilisée et souvent mal informée. La personne qui a donné un organe se trouve en outre susceptible de se voir refuser l’accès à des assurances spécifiques, par exemple dans le cadre de la souscription d’un prêt immobilier ou d’avoir à affronter des cotisations d’assurance complémentaire de santé ou de prévoyance plus élevées.

Et pourtant, qu’on ne s’y trompe pas. Il faut regarder la réalité en face. Nous savons désormais que le potentiel du prélèvement sur donneurs décédés est limité, environ 4 000 donneurs potentiels chaque année, et qu’il en faudrait 11 000 pour répondre aux besoins. Si la France se situe aujourd’hui dans le « peloton de tête » mondial en ce qui concerne le prélèvement sur donneurs en état de mort encéphalique, elle doit aujourd’hui, si elle veut répondre aux besoins de sa population, développer les autres sources de prélèvement que sont le donneur décédé suite à un arrêt cardiaque réfractaire et le donneur vivant.

Si l’on considère comme un objectif légitime de santé publique, le fait de mettre fin aux décès d’environ 220 personnes qui meurent chaque année, faute de greffons et de satisfaire les besoins des près de 10 000 personnes inscrites sur les listes d’attente, il est indispensable de diversifier les sources des greffons en exploitant les ressources à la fois des donneurs vivants et des donneurs décédés suite à un arrêt cardiaque.

Une solution réaliste et efficace consiste à viser, dans les cinq ans, une diminution du taux de refus de 10% (on passerait de 30 à 20%), un triplement du nombre de greffes de reins réalisées à partir d’un donneur vivant et un développement du prélèvement sur donneur décédé suite à un arrêt cardiaque à hauteur de 15% du total des transplantations rénales.

Toutes mesures qui impliquent de considérer la greffe avec DV comme une composante de plein droit et de plein exercice de l’ensemble des greffes rénales.

On reste ici dans une vision très proche de celle d’Amartya Sen. Il s’agit bien d’une question d’organisation et non d’un manque d’organes. Lesquels existent en nombre suffisant. Il suffit d’aller les chercher là où ils sont.

 

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1 Commentaire

  • et la greffe en dons croisés la loi a été votée mais rien ne bouge pourquoi?

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