Le Japon : quand deux conceptions de la mort s’affrontent…
La première transplantation cardiaque a été réalisée à la faculté de Médecine de Sapporo en 1968. Mais ce qui aurait dû passer pour un miracle de la médecine moderne a été en fait à l’origine d’une polémique, portant notamment sur le bon diagnostic de la mort cérébrale, et la réelle nécessité d’une transplantation pour le patient receveur.
Malgré les demandes répétées des autorités médicales, aucune autre transplantation cardiaque n’a pu avoir lieu durant les trois décennies qui ont suivi. Les seules greffes pratiquées durant toutes ces années l’ont été à partir de donneurs vivants (il s’agissait essentiellement de greffes rénales). Quelques transplantations de reins et de cornées prélevées sur des donneurs à cœurs non battant ont aussi pu être réalisées.
En 1993, un premier projet de loi visant au développement des greffes stipulait que la mort cérébrale devait être considérée comme la fin de la vie et que, même sans le consentement du donneur avant sa mort, un organe pouvait être prélevé pour une transplantation si la famille endeuillée avait donné son accord. Ce projet de loi a été unanimement rejeté en septembre 1996, sans la moindre discussion.
A la suite de cette décision, la Société Japonaise pour les Transplantations a indiqué qu’elle “formulerait un guide d’actions permettant la réalisation de transplantations d’organes, si possible dans les prochains six mois, quoiqu’il advienne de la législation”. Cela a mis en lumière la question des transplantations et encouragé les médias à donner leurs arguments pour ou contre.
En 1997, 166 greffes de rein (à partir de donneurs vivants ou à cœur non battant uniquement) et 1748 greffes de cornées ont été réalisées. Dans le même temps, les listes d’attente, faisaient mention des chiffres suivants :
- 18 patients en attente de cœur
- 31 patients en attente de foie
- 10 patients en attente de poumons
- 13119 patients en attente de rein
- 5542 patients en attente de cornée
Les chiffres de patient en attente de coeur, de foie ou de poumons sont bien évidemment non significatifs, puisque ces greffes étaient impossibles, faute d’organes.