Les enjeux pour le donneur
Comme toute intervention chirurgicale, le prélèvement d’un rein présente des risques. On sait aujourd’hui qu’ils sont très faibles. Le risque de décès à l’occasion du prélèvement est de l’ordre de 3,1 cas pour 10 000 au plan mondial(1). Le registre français ne rapporte aucun décès. La consultation d’anesthésie, obligatoire, permet d’évaluer ce risque, d’écarter les donneurs pour lesquels il serait trop élevé, et de prendre toutes les précautions nécessaires
Donner un rein n’a pas d’impact sur l’espérance de vie
En raison de la sélection exclusive de donneurs en excellente santé, le don d’un rein n’entraîne pas de risque de mortalité accru. Au total, les risques sont ceux d’une pathologie qui toucherait le rein unique restant (calculs, traumatisme, tumeur…).
On vit normalement avec un seul rein
Il n’y a aucune raison pour que le style de vie du donneur change après qu’il ait donné son rein (pas de régime, pas de traitement, reprise de toutes les activités antérieures, etc.). Des conseils pour préserver le fonctionnement du rein restant sont donnés (boire suffisamment pour éviter les infections urinaires, les calculs sur rein unique, éviter les sports violents, etc.).
Chez les donneurs de rein, le risque de développer une insuffisance rénale chronique terminale est inférieur à celui de la population générale(2). En revanche, ce risque est un peu supérieur à celui des sujets parfaitement sains(3). Pour minimiser ce risque au maximum, un bilan complet incluant l’analyse précise de la filtration de ses deux reins est systématiquement réalisé. Par ailleurs, l’analyse individuelle du risque d’insuffisance rénale chronique terminale à 15 ans et à plus long terme est désormais possible et calculable(4) et doit pouvoir être communiquée au donneur afin que sa décision soit parfaitement éclairée.
Le don d’un rein n’empêche pas de donner la vie, même s’il multiplie par deux, le risque d’hypertension artérielle et de pré éclampsie(5) lors d’une future grossesse. La fertilité masculine n’est pas affectée.
Sur le plan psychologique, le don a en règle générale des conséquences positives, tant sur la qualité de vie du donneur que sur la relation donneur – receveur. Si c’était à refaire, 98,4% des donneurs recommenceraient(6).
Une décision à prendre à deux
Une fois les éventuelles contre-indications écartées, le choix d’une greffe à partir d’un donneur vivant n’appartient qu’à la personne malade et à son proche, qui accepte ou propose de lui donner un de ses reins. Il s’agit d’un cheminement qui peut prendre du temps. Ce choix ne regarde qu’eux.
Personne, pas même les médecins, ne doit peser et encore moins se substituer à leur décision.
Si une équipe médicale de transplantation rénale contre-indique un projet de greffe à partir d’un donneur vivant, la personne malade et son donneur potentiel ont la possibilité de prendre un second avis auprès d’une autre équipe de greffe.
Sources
- Segev D, Muzaale A, Caffo B, Mehta S, Singer A, « Perioperative Mortality and Long-term Survival Following Live Kidney Donation », American Medical Association, March 10, 2010 – Vol 303, No 10
- Kidney international 86,162/167 (july 2014) = long time risks for kidney donors.
- Muzaale, JAMA. 2014;311(6):579-586
- Grams, N Engl J Med. 2015 Nov 6. PMID: 26544982
- Garg, N Engl J Med. 2015 Apr 9;372(15):1469-70)
- Etude de Qualité de vie des donneurs vivants, Agence de la biomédecine et CHU de Nancy, avril 2011 http://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/rapport_qv_dvrt_05042011-2.pdf